Une palette de peintre peinte sur une palette en bois ; une palette en bois utilisée comme palette de peintre : voilà le tableau. Sur des foulards aux imprimés (a)variés sont grossièrement peints des statements du genre « Je vais bien », « Galerie sans i ça fait galère », ou encore « Monochrome is not dead ». Au passage, une série de carrés monochromes au cœur pâle apparaît comme la tentative répétée et réussie d’épuisement de la cartouche d’encre d’un crayon feutre : concept de dégradé centripète, ou comment avoir la couleur à l’usure.
La peinture — abstraite, conceptuelle — est ici littéralement mise en scène, tant et si bien que se télescopent les figures et les outils du peintre et du performeur (qu’il soit acteur, chanteur, rocker, lover etc.). Et c’est parti pour le (solo) show ! Sur un pauvre paravent en médium gravitant dans un décor désenchanté, une affichette annonce la couleur : « Chaque jour, je perds des followers ». Ultime vérité (inavouable) de la tragi-comédie de l’existence dont les réseaux sociaux sont devenus la vitrine comme le double-fond. L’artiste aussi est un animal social, dans toute sa splendeur.
Avec un sens aigu de l’autodérision saupoudrée de soupçons de fake et de lose — entre deux playback, il jouait du piano à genoux, c’est peut-être un détail pour vous —, Gwendal Coulon (se) joue de la corde sensible et déploie sa palette d’artiste sous les yeux du public, comme pour tenter de retrouver l’énergie salvatrice du groupe et rompre la solitude. Qui l’aime le suive. Et « quand faut y aller, faut y aller ».